Remarques : (1) Ce qui tient à la publication des médaillons dont il s'agit ici, s'est passé de la manière qu'on va le raconter. Après la mort de Jérôme Corraro qui le premier les avait recueillis, et qui s'était servi de Bianchini pour commencer de les faire graver à Rome par Joseph-Marie Junster. Ange son fils, jaloux de perpétuer la gloire de son père, voulut que l'ouvrage se continuât et se finît : et je conserve à part moi, une des premières épreuves, pour ne pas dire la seule, de ces médaillons dans chacun desquels on voit sur le cordon qui l'entoure, les armes de Corraro avec cette inscription au haut gravée en cuivre : Numismata selectiora Maximi Moduli Aerea ex musaeo Illustriss. et Excell. D. Angeli Corrarii a Hieronymo ejus patre Senatore Veneto præstantissimo olim inchoata et collecta, nunc demum aucta et in lucem data Venetiis ann. MDCXCVI. in fo Mais comme d'un côté Ange Corraro aurait voulu que ces monumens d'antiquité parussent enrichis de belles et utiles explications, et que d'ailleurs trop distrait par les affaires publiques et les sciences particulières, il ne pouvait donner assez de tems au succès de cette entreprise, la mort l'ayant surpris au milieu de toutes ces causes de retard, en 1705, l'ouvrage fut laissé là et resta ignoré jusqu'en 1712. A cette époque Isabelle sa fille épousa Almoro Pisani fils de Louis alors Chevalier et Procurateur de St-Marc, et puis Doge. Cette Isabelle apporta en dot à son mari avec des fonds considérables et des meubles précieux, une quantité de livres, et ce célèbre Musæum composé non-seulement de médaillons, mais de très-riches médailles grecques et romaines, puisque une assez grande quantité de celles du moyen-âge et moderne, qu'on conservait dans.la Bibliothèque Pisani, a été acquise, par mes soins, par les frères Chevaliers Âlvise, et François encore vivans. A l'époque de ce mariage, un autre Âlmoro Pisani oncle du mari d’lsabelle et l'un des frères du Doge, celui justement qui fut le bienfesant instituteur de cette Bibliothèque, conçut le projet de faire tirer des planches de Junster, dont on a fait mention plus haut, et qui avaient suivi le sort du Musæum, un grand nombre d'exemplaires de ces mêmes médaillons, et de les publier, ce qu'il fit, en donnant pour titre à l'ouvrage Numismata ærea sélection: , e Musoeo Pisano, olim Corrario, sans date, et sans aucune explication, ‘relicto sua cuique pro Minerva, dissertationum loco‘, à l'exemple des plus fameux médaillons anciens de Louis XIV, auxquels le Directeur du cabinet royal donna cette inscription: nullas inscribi notas sapientius durit: et cela, d'après l'avis du seul Abbé Joseph De Capitani, qui dans son avant-propos lib Pisanorum Numismatum etc. in-4° imprimé et adressé à Almoro Pisani, s'avisa de vanter ce dernier ouvrage et la manière de l'annoncer qu'il se proposait lui-même d'imiter. Le Chanoine Bianchini était d'un avis différent, et après la mort du Docteur Bon qui avait été chargé par Ange Corraro d'en donner l'explication avec cette lettre écrite, je ne sais à qui, mais bien certainement à une personne qui avait des rapports d'intimité avec la famille Pisani, il offrit au Procurateur Louis frère d'Almoro de se charger lui-même de cette illustration ; c'était un homme d'une immense érudition dans l'histoire et sur l'antiquité, et en cela très-capable d'une pareille entreprise. On voit par le fait que sa proposition ne fut point acceptée : et long-tems après, c'est-à-dire en 1740, et après la mort de Bianchini, on vit paraître un volume portant pour titre : in numismata aerea selectiora e Musaeo Pisano, olim Corrario, commentarii in f° dédié au Doge Pisani, et dont le père D. Albert Mazzoleni depuis Abbé Bénédictin du Mont Cassin était l'auteur bénévole : ce volume fut suivi de deux autres Animadversiones etc. in-f° qui parurent en 1741-44; ouvrage, il est vrai, d'un travail immense et plein de mérite, mais qui aurait dû l'être davantage, si Mazzoleni avait su joindre à sa vaste et rare érudition une critique plus éclairée. Il ne faut pas dissimuler la crainte qui aurait pu naître un jour dans la famille Pisani de se voir dépouillée du Musaeum, qu'Isabelle y avait apporté en dot. Elle cessa aussitôt que le 3o septembre 1757 on eut publié son testament qui existe dans les actes de Louis Gabrieli N. V., où la testatrice s'exprime ainsi : (Omissis) « Je légue au N. Almoro Pisani mon petit-fils, fils d'André mon fils, le Médailler et les livres appartenans à ma famille Corraro, et qui sont déjà dans la Bibliothèque de la maison Pisani : et dans le cas où ledit Almoro n'aurait pas d'enfans, je veux que le Médailler et les livres restent, ainsi qu'ils le sont, dans la Maison Pisani ». Cet Almoro mourut en effet en 1766 âgé de 19 ans, fiancé, mais non-marié; et en vertu de la prévoyante disposition testamentaire d' Isabelle, la possession et la propriété du célèbre Musaeum fut assurée à la Maison Pisani. (N. de l'Éd.)
(1) Ce n'est réellement pas de Jérôme, ainsi qu'on l'a vu, mais d'Isabelle sa fille, que ce Médailler a passé à la Maison Pisani. (N. de l'Ed.)
(1) Né à Amiens en 1645, mort à Paris en 1725. De la condition de servir des messes, il devint Evêque. On a de lui des dissertations sur les médailles et l'histoire de France. (N. du Tr.)
(2) Le P. Paolo Pedrusi Jésuite. On a de lui un traité des médailles impériales en 8 vol, in-folio, imprimé à Parme en 1694. (id.)
(1) Le Journal des Savans d'Italie, tom. II, pag. 422, nous apprend que le Docteur Nicolas Bon Jurisconsulte, était né à Candie en 1654, d'une famille noble Venitienne transplantée dans cette île : qu'en sortant de l'Université de Padoue où il avait fait ses premières études, et d'où il revint fort-instruit dans les langues Grècque et Latine, il s'établit à Venise : que s'y étant dévoué particulièrement à l'étude des Médailles et de tout autre genre d'antiquité, il s'y distingua de manière à mériter et à obtenir d'être recherché pour présider à la conservation des plus illustres Musaeum qui existaient de son tems à Venise, tels que ceux de Morosini, Marcello, Corraro, afin de les mettre en ordre, et de les augmenter. Il est à présumer qu'il aura donné les mêmes soins au Musaeum du N.V. Jean-Dominique Tiepolo avec qui il était liè d'amitié. Sa réputation le rendit bientôt célèbre dans toute l'Italie, et même au-delà des Alpes. En effet on a vu recourir à ses rares connaissances ou personnellement ou par voie de correspondance, non-seulement des jeunes gens qui désiraient d'être initiés dans cette science, mais des Savans d'un âge mur qui cherchaient à s'instruire dans tout genre quelconque d'érudition, et parmi lesquels on distingue le Card. Noris, le Co. Mezzabarba, le Vaillant, Gisbert Cuper, Jacq. Gronovius, C. Patin, Spon, Leibnitz, Laurent Beger, qui l'ont tant vanté ensuite dans leurs écrits. Nous n'avons de lui, au-moins qui soient à ma connaissanse, que deux lettres latines imprimées et adressées à Spon sur l'explication des ara ignotorum atque obscurorum quorumdam Deorum: lettres qui sont insérées dans le tom. 7 Antiquitatum Graecarum de Gronovius, pag. 257 et 268. Mezzabarba dans son catalogue déjà cité Auctorum et illustrium Musæorum etc., nous apprend que cet antiquaire était occupé de faire par ses médailles une illustration de l'histoire des Rois de Syrie, et qu'il se proposait aussi d'augmenter et d'enrichir des trésors de son érudition les ouvrages de le Vaillant. Et le docteur Bon lui-même dans la première de ses deux lettres à Spon dont il a été question ci-dessus, après avoir dit qu'il avait une opinion toute différente de celle d'Albert Rubenius sur les Néocores, ajoute : ut te aliquando perlegere juvabit in eo libro (de Neocoris) cui adornando in cumbo, illum forte brevi editurus. Mihi crede, quoeso, circa hanc materiam me evolvisse quidquid libri marmoraque suggerunt. Mais après sa mort arrivée en 1711, on n'a plus entendu parler d'aucun de ses écrits; il est à croire ou qu'ils ont péri, ou qu'ils sont restés tout-à-fait inconnus dans quelqu'une de nos Bibliothèques » (N. de l'Éd.) (fr)