-Lettre du 10 fév. 1708 (de Deventer) : « Je suis informé depuis longtemps que lesouvrages publiés par le père Hardouin se réimpriment à Amsterdam. Je les ai vus entre les mains de Mr. Le Clerc, qui en a la direction, et j’y ai remarqué de terribles changements, principalement dans celui De Nummis Populorum, qui en avait aussi besoin ; je n’y ai trouvé rien de nouveau qu’une histoire des empereurs romains disposée par leurs médailles. Ce père est, sans doute, extrêmement hardi. Je n’approuverai jamais son explication des lettres CONOB, et votre remarque est juste, de quatre mots et cinq lettres. L’interprétation de la médaille de Philippe Auguste est de la même trempe, et je suis bien persuadé que ce ne sont que des rêveries. Je ne conçois pas qu’elles s’augmentent de jour en jour, et cela après que tous les savants en général les ont désaprouvées. Cela me fait souvent louer les conjectures et les soupçons de Mr. La Croze, qui croit qu’il y a quelque intrigue cachée dans cette affaire, et je dis quelquefois en moi-même, Aliquid monstri alunt. Je ne trouve pas la médaille de Philippe-Auguste dans le livre de Mr. Le Blanc qui parle pourtant à la page 55 de l’explication des lettres CONOB sur lesquelles d’autres ont publié leur sentiment, et qui sont fort difficiles à expliquer. Mr. Galand m’a mandé il y a quelque temps, que Mr. Vaillant en faisait Conflatura Obyziaca, et qu’il juge que cette explication approche plus de la vérité que les autres, et qu’elle mérite qu’on y fasse réflexion. Je n’ai pas le temps d’examiner cette controverse, mais il me semble que la diversité de l’écriture de ces lettres y est opposée ; car on trouve sur ces monuments non seulement CONOB, mais aussi COM, COMOB, CONA, CON, CONST, CONSP, et d’autres ; et cela tant sur les médailles de bronze que sur celles d’or, même sur une de bronze de Valentinien dans Mediobarb., à la page 501. CON OB. R. V., laquelle si elle était d’or, confirmerait admirablement la pensée de Mr. Vaillant« ; « L’on me mande d’Hannovre que Mr. Magliabechi est mort, mais je n’en ai pas encore des nouvelles d’Italie, d’où j’attends quelques livres très rares, et quelques médailles grecques de Constantinople. Je ne parlerai pas de mes livres, qui sont en état d’être publiés ; car tout le monde sait que je ne me presse pas là-dessus. C’est un plaisir et un passetemps pour moi de pouvoir mihi et musis canere, et d’entretenir correspondance avec les savants, dont vous n’êtes pas le moindre. Quant à la publication de quelque livre nouveau, je pense fort souvent, sat patriae Priamoque datum, et c’est pour cela que je ne presse pas les libraires. Je suis pourtant obligé à Mr. de Leers de la bonne opinion qu’il a de mes études et de la vente de mes livres, s’ils s’imprimaient quelque jour » (Cuper 1743, VI, p. 406-409 ; Sarmant 2003, p. 136, note 143).