-Lettre du 26 juillet 1701 (d’Hannovre) : « Extrait de ma réponse à M. Morel. Je vous remercie très humblement des dessins des médailles de Gratianus qui sont dans le cabinet de Mgr le Comte de Schwarzbourg. Il y a encore une médaille de la même façon, mais un peu plus grande chez M. l’Abbé de Loccum, et on en voit encore d’autres chez Occon ou Mezzabarba, chez Oiselius, et chez M. Beger. Comme on fait ici un journal des savants en Allemand qui se donne tous les mois, celui qui le fait est chez moi, et j’y contribue quelques fois en lui fournissant de la matière, et même quand je suis ici, je revois le tout, et ajoute quelques fois certaines choses, je le fais destiner un mois à ne faire que la recension de plusieurs pièces en vers et en prose faites sur la nouvelle Royauté, et comme quelques uns ont touché ce mot : Gloria novi seculi, j’en ferai ajouter les dessins de médailles. Mais je voudrais savoir d’où viennent ces différences CON, ACON, TCON et la lettre N qui se trouve avec ACON et OF.III ou bien (dans Oiselius ce me semble) OF. II avec CON. Ce sont des notices de pratique en matière de médailles qui me manquent entièrement et que j’attends de votre bonté comme aussi les auteurs qui ont expliqué cette médaille. Quant à AVGG. AVG qui est le point d’importance, on pourrait effectivement penser, qu’AVGG signifie Valens et Gratian, et AVG le jeune Valentinien frère de Gratian et neveu de Valens. Ainsi il faudrait que la médaille eût été battue entre le novembre 375 et l’août 378, quoiqu’il n’y ait guère de quoi dire seculi felicitas. J’ai pensé qu’on pourrait peut-être encore les rapporter à Gratian (chef alors des Augustes), Valentinian le jeune, et Théodose créé Auguste par Gratian. Ainsi AVGG seraient Gratian et Valentinian frères, et AVG serait Théodose, qui sans être de la famille venait d’être associé à l’Empire après la mort de Valens au commencement de l’année suivante le 19 janvier 379, et était ainsi distingué par le simple AVG. De la famille des Augustes qui lui faisaient l’honneur de l’élever si haut, et les victoires que Gratian remporta cette année contre les Gots, Alains et Hunnes, paraissent avoir donné occasion à ces mots : Gloria novi Seculi, comme qui voudrait dire : Seculi felicitas, ou bien reparatio temporum. Car on ne trouve là aucun commencement de siècle. Il se peut cependant que Gratian qui était seul maître alors en effet, puisque Valentinian n’était que 13 ans, en s’associant Théodose, ait pris plaisir d’indiquer encore qu’il était Augustorum Augustus, ou primus Augustorum, comme autrefois Diocletian, et que ce double sens lui ait plu d’autant plus qu’il y a tant de médailles où cette inscription se trouve. Après avoir écrit ceci, j’ai trouvé des explications toutes nouvelles de ces médailles dans le nouveau journal de Dombes. Il semble que le P. Hardouin doit être l’auteur de cet article là. Il y lit ainsi : AVG G. AVG. Et l’explique Augusti Gener Augustus. Cependant il dit lui-même que cela ne saurait convenir au Gratianus tel qu’il nous est connu par les historiens, car quoique selon ce père Ammien Marcellin semble insinuer qu’il avait épousé la fille de Constance environ 15 ans après la mort de ce prince (ce qui serait 376), il ne lui paraît point probable qu’il ait préféré la qualité de gendre d’un prince à celle de fils du prince. Ainsi il va s’imaginer que c’est la médaille d’un Gratian, qui aurait été général, et après avoir rendu grand service à l’Empereur et remporté quelque victoire signalée, eût été fait son gendre. Cela marque que le bon père a encore en tête son étrange opinion de la supposition des anciens historiens, comme aussi l’opinion qu’il marque d’avoir que cette médaille devait avoir été frappée dans quelque année séculaire, qui ne se trouvant point dans le règne de Gratian, il semble insinuer que les historiens sont fautifs. S’il est vrai que Gratian a épousé la fille de Consance, et si on pouvait excuser le manquement de la distinction et la rejetter sur les monétaires, je serais tenté d’approuve l’Augustus gener Augusti. Il lit TCON dans une de ces médailles et CONT dans l’autre et l’explique Tributum Civitatum omnium Narbonensium. Mais il me semble qu’il y a CON et ACON aussi. Je vous supplie donc Monsieur de me dire votre sentiment sur tout cela, et s’il ne se trouve pas encore quelque passage de médailles, qui justifie que seculum ne signifie autre chose que le temps ; et qu’il n’est pas nécessaire de chercher une année séculaire. Item qu’il y a omission du point distinctif. Puisque vous avez la bonté, Monsieur, de m’offrir de graver ces médailles de Gratian, où il y a Gloria novi seculi, je vous supplie de le faire au plus tôt, tant celles que vous avez dans le Cabinet de Monsgr le Comte, que celles que vous trouvez ailleurs, c’est-à-dire toutes celles où il y a quelque différence, qui fait connaître que c’est un autre coin, et faire en tirer des copies pour les envoyer à Bronsvic, par le messager de Nurenberg, avec cette inscription : A Monsieur Forster marchand libaire à Hanover et Braunsveig recommendirt, an H. Kesslern Buchdrucker daselbst auff dem Eyermarckte. Je vous marquerai par la prochaine combien il en faudra d’exemplaire. J’aurai soin que le libraire Förster qui est le verleger du Journal, fasse payer le travail » (LBr. 661 Bl. 67 4°. 1/2 S. auf Bl. 72-73 1 Bog. 4°. 2 ½ S. ; Babin – Van den Heuvel – Widmaier 2006, lettre 197, p. 304).