Lettre du 4 mai 1628 (d’Aix-en-Provence, à Rome), p. 538-539: "J’ai reçu votre lettre du 12 d’avril par un extraordinaire d’Avignon, et ai été infiniment aise d’apprendre votre heureux retour du voyage de Naples où je ne pensais pas que vous dussiez faire si peu de séjour. Mais je crois bien que vous n’avez pas voulu laisser revenir le sieur Quarteron sans vous, puisqu’il avait, je m’assure, besoin de vous dans Rome, avant que d’en partir. Je vous remercie très affectueusement du soin que vous avez eu de me faire tomber en main la médaille d’Alexandre Sévère d’argent bien que mal traitée de l’antiquité (pour aider à la garantie de l’autre pareille, qui semblait un peu douteuse). Ensemble les autres quatre ou cinq médailles et le poids antique marqué d’argent, que Mr Aubery me mande avoir reçu de vous, et m’avoir envoyé le tout par un marinier de Marseille qui n’est pas encore arrivé. Mais je ne laisse pas de vous en demeurer toujours autant redevable que si j’avais déjà reçu le tout. Je ne suis marri que de ce que vous n’avez eu patience d’attendre que le cardinal Boncompagno eût fait creuser et fouiller soigneusement le lieu où s’est découvert d’agathe vers Pozzuolo, croyant fermement qu’il s’y trouvera quelque fragment de peinture antique, ou de bas reliefs de stucco et autres beaux ouvrages du bon temps, comme j’y en ai trouvé en quelques lieux lorsque j’y fus, et possible bon nombre de belles médailles et pierreries ou gravures antiques, vases, statues et autres singularités. Cela mérite d’y retourner exprès, et je vous conseille de le faire plus tôt que plus tard, de peur qu’il n’arrive après d’autres occasions qui vous en ôtent la commodité, soit par absence dudit seigneur Cardinal ou par obligation votre de faire quelque autre voyage ailleurs [...]"; p. 541-543: "Au surplus je suis en de grands arriérages de remerciements envers vous de tant de belles singularités que vous m’avez fait tenir par Mr d’Aubery, et dont vous m'avez non seulement baillé la préférence sur les autres qui les eussent pu tirer de vs mains, mais sur vous-mêmes, dont je suis bien résolu de me revancher en votre endroit de bonne sorte, ou je ne pourrai, ne me tenant pas pour quitte en votre endroit pour le remboursement que vous vous en êtes laissé faire par ledit sieur d’Aubery, principalement pour cette pièce que vous appellez du Talc quoique double, d’autant que l’une me semble servir de beaucoup pour la recommandation de l’autre. Si la premiere se fût trouvée vierge, elle eût pu suffire pour satisfaire à mes conjectures, mais ayant eété retouchée, il y avait beaucoup à redire, et la seconde n’est pas telle qu’elle peut si bien quadrer auxdites conjectures comme la première, mais en revanche elle sert de pleine garantie de l’antiquité de la première et toutes deux ensemble font l’opération qui s’y pouvait désirer à mon gré. L’autre médaille qui vint conjointement avec celle-ci n’était pas moins curieuse. C’est pourquoi vous m’avez bien obligé de me la vouloir départir si libéralement, ensemble celle du petit Titus, le Commode avec la tête de Lunus, l’Antonin avec le Jupiter assis accompagné d’une figure couchée et les autres médailles avec des caractères étrangers, principalement ces tiares et coiffures si extravagantes, comme aussi les poids carrés et principalement celui de la demi-livre, et si de cette forme carrée, avec les marques d’argent, il s’en trouvait quelqu’un du poids de la livre entière, je le payerais volontiers et des plus petits jusques à la sixième partie de l’once, comme j'en ai vu autrefois bien souvent lorsque je n’en étais pas si curieux comme à présent. Je vous félicite l’acquisition des petites médailles grecques de l’empire que vous avez faite à votre voyage de Naples. C’est une marchandise où l’on ne saurait être mauvais marchant, car la petitesse fait que le prix en est modéré, et on ne laisse pas d’y trouver bien souvent des revers ou inscriptions aussi curieuses qu’aux grandes. J’aurais bien à vous entretenir sur votre précédnte dépêche, à laquelle j’ai tant différé de répondre. Je voulais pour cet effet revoir les médailles que j’ai en assez bon nombre de COL. TYRO. METROP. etc., mais j’ai été longtemps sans trouver le loisir de les chercher et quand je les ai cherchées en leur vraie place, j’ai trouvé que je les en avais tirées autrefois pour en faire des empreintes et ne les avais pas remises en place, de sorte que j’aurai bien de la peine à remettre la main dessus. Il y en avait tout plein de semblables à aucunes des vôtres que vous avez dessinées, et autres différentes qui néantmoins eussent pu servir à l’éclaircissement des vôtres selon ce que vous desiriez. Mais il m’a fallu souffrir cette mortification. Cependant cela aété cause du long retardement de ma réponse sur ce sujet, dont je vous prie me vouloir excuser. Pour les trois premières que vous dites avoir tirées sur les dessins d’Enea Vico, j’estimerais bien la troisième où vous marquez certains caractères sur les deux colonnes qui sont deça et de là de l’olivier. Car ces caractères pouraient donner de l’exercice à ma curiosité. Mais l’inscription TYBIORVM ne m'agrée pas, et crains fort qu’Enea Vicus n’ait mal lu les lettres qui pouvaient être sur cette médaille, aussi bien que sur la première. Celle que vous marquez la 2ème de Valérien entre les vôtres, où est le même arbre entre les colonnes, est fort de mon goût, et si celle que Monseigneur le cardinal Barberin a eue trouvée en la vigne de son palais, est toute pareille à la vôtre, comme il semble qu’elle doive être à votre discours, je vous payerais fort volontiers la vôtre si étiez en état de m’en octroyer la préférence. Sinon je me contenterai bien d’une empreinte, ensemble de celle que vous marquez la 7me du même Valérien, où est l’aigle, avec l’écriteau par-dessus. Et si nous pouvions voir l’original, possible trouverions nous le moyen de déchiffrer ledit écriteau. Que si vous vous mettez à en faire des empreintes, vous m’obligeriez encore davantage si vous y mettiez toutes celles de ladite Colonie de Tyrus, pour m’en envoyer des empreintes de toutes, même d’une autre de Diaduménien, qui n’est pas représentée en vos dessins, laquelle j’ai trouvée exprimée dans le rolle général de vos colonies avec l’Hercule sacrifiant et la SALONINA avec la pourpre, mais principalement désirerais-je l’empreinte de celle d’Otacilia cottée h, où vous marquez les noms de TYRO et de EIAON ensemble. Je n’ai pas vu ce livre des Antiquités de Gades en espagnol, et s’il s’en trouvait là à vendre, vous me feriez un singulier plaisir d’en donner avis à Mr Aubery, afin qu’il l’achetât. Au moins vous prie je de m’en envoyer le titre et lieu de l'édition, afin que j'en envoie demander en Espagne" (Bibliothèque de l’Ecole de Médecine de Montpellier, Ms. H, 271, fol. 40; Tamizey de Larroque 1894 vol. 5, lettre XIX, p. 538-544).